Après quelques jours de remise en route bloguesque, voici un billet un peu fourre-tout mais néanmoins hautement culturel qui se décomposera en trois points:
1) Comment dit-on bagages en turc?
2 ) La Cappadoce, un aperçu et quelques photos
3 ) Présentation de "Éloge de la marche" par David Le Breton
D'abord un compte-rendu de mes aventures aériennes et ferroviaires, avec:
1 ) Comment dit-on bagages en turc?
Comme déclaré dans mon billet précédent, les retards SNCF étant ce qu'ils sont, j'avais programmé un départ en milieu d'après midi, réservant en plan B un TGV plus pratique et plus tardif. Bien m'en a pris.
TER: 25 minutes de retard. Correspondance pour le TGV : 10 minutes. Le voyage démarre fort! Le plan B a bien marché, j'étais juste surclassée en première classe...
Le lendemain, vol Paris-Munich par Lufthansa. Ciel bouché. Une heure de retard dès le départ. Compter une bonne heure pour la correspondance à Munich donc c'est peut-être jouable!
Bingo! A Munich traitement VIP, embarquement immédiat dans des minibus, on montre juste le passeport, la sécurité, connais pas, et hop, dans l'avion pour Ankara! Les bagages ont-ils suivi? Pas sûr, mais l'essentiel est là : on arrive à Ankara. Tout le monde se félicite, ach, l'efficacité allemande, il n'y a pas mieux, und so weiter...
Las! Pas de bagages... Nous ne sommes pas si étonnés, finalement. Sauf que...
D'autres ayant connu une correspondance moins accélérée que nous n'ont pas leurs bagages...
Certains ayant voyagé depuis Munich n'ont pas non plus leurs bagages..
80 personnes sont en attente de leurs biens à Ankara...
Les infos arrivent : il semblerait qu'à Munich pendant une bonne heure il y a eu cafouillage, et ce sont 5000 valises pour des destinations diverses qui ne sont pas arrivées.
Le mythe de la super efficacité germanique en prend un coup.
Les lendemain et surlendemain on suit les conversations téléphoniques du guide turc, guettant le mot "bagaj" (le turc est une langue vraiment intéressante...). Des valises arrivent à Ankara, mais doivent être renvoyées, une partie des nôtres est annoncée, etc, finalement, les fameuses valises arriveront le mardi soir! Rappel : voyage le samedi précédent.
En les attendant on a dû acheter chaussures correctes pour marcher, quelques vêtements et affaires de toilette, et surtout la bonne humeur régnait, chacun des membres du groupe étant dans la même galère...
Et le retour? Bof, rien à signaler, c'est beaucoup moins drôle. Le TGV, à l'heure pour une fois, m'a permis de prendre un TER, et d'arriver en avance!
2 ) La Cappadoce
Faisant confiance à la Kulture et la geekitude de mes visiteurs, je passe les parties historiques et géographiques "Cappadoce d'hier et d'aujourd'hui", géologie, cheminées de fées, villages troglodytiques, églises byzantines à fresques plus ou moins bien conservées, pour proposer directement quelques photos au gré du vent.
Ce qui m'a attirée dans ce voyage (organisé), c'est la découverte de la Cappadoce aussi par des balades sur des chemins inaccessibles aux voitures. Pas des randonnées pures et dures de malades, mais quand même trois quatre heures à sentir la poussière (ou la boue) du chemin, faire un arrêt photo, écouter les oiseaux, explorer une église troglodytique quasi invisible de l'extérieur :
intérieur à gauche et extérieur à droite
Souvent les fresques méritent le détour:
Craquer pour une poupée confectionnée par les femmes d'un village au grand sens commercial et relationnel ou faire du tourisme japonais au bord de la route (clic clac dans la boîte)
Découvrir au détour du sentier la maison des schtroumpfs ou un château fort:
Compléter le voyage 2010 "La route de la soie" avec mosquée et caravansérail
Et bien d'autres choses encore (oui, on a bien mangé), en particulier à Ankara et avec la découverte de la civilisation hittite (là, je pense à un autre billet)
3 ) Après Marcher, éloge des chemins et de la lenteur, de David Le Breton, paru en 2000, toujours chez Métailié, voici Eloge de la marche
Même si les deux livres font la part belle à des incontournables tels Rousseau, Thoreau, Abbey, pas vraiment de redites (prévoir tout de même un certain laps de temps entre les deux lectures), et Le breton, après quelques "généralités" consacre un beau chapitre à Cabeza de Vaca, René Caillé, Richard Burton et Michel Vieuchange, sans oublier la "marche urbaine" et la "spiritualité de la marche". La bibliographie en fin de volume est toujours "pousse au crime", le style dense mais fort lisible.
Quelques mises en bouche :
" Le silence est saisonnier. Dans nos contrées, il n'est pas le même en janvier dans un champ enveloppé de neige ou en août dans le bruissement de la multitude des insectes, l'explosion des fleurs et des herbes brûlées par le soleil. Dans un même paysage, jamais le silence n'est égal d'un jour à l'autre." (p 55)
" Margaret Mead déplore avec humour l'invention des bateaux ou des automobiles. Si les hommes n'avaient eu d'autres moyens de se déplacer que leurs jambes, ils ne seraient allées bien loin au cours de leur existence. La vulnérabilité du marcheur est une bonne incitation à la prudence et à l'ouverture à l'autre plutôt qu'à la conquête et au mépris. Une chose est certaine, l'homme qui marche a rarement l'arrogance de l'automobiliste ou de celui qui emprunte le train ou l'avion car il demeure toujours à hauteur d'homme en sentant à chacun de ses pays l'aspérité du monde et la nécessité de se concilier amicalement les passants croisés sur son chemin." (p 62)
" Chaque espace contient en puissance des révélations multiples, c'est pourquoi aucune exploration n'épuise jamais un paysage ou une ville. On ne se lasse que de vivre." (p 74)
"Tout parcours hors des sentiers battus est simultanément animalier" (p 85)